Réaliser ses études à l'étranger

01.04.2019 Justine Le Douaron n'a pas froid aux yeux. Ses maigres connaissances en allemand ne l'ont pas empêché de venir suivre, à Bienne, tout un cursus d'études dans une filière bilingue.

La majorité des étudiants Lqui s'en vont étudier sous d'autres cieux ne s'expatrient que durant un semestre ou deux, rarement pour tout un cursus. A l'exemple des étudiants en microtechnique et technique médicale de la Haute école bernoise (HESB) qui ont la possibilité de passer un semestre de leur seconde année de bachelor à l'Institut universitaire de technologie de Toulouse. Dans le cadre de ce partenariat, les étudiants de cette institution française peuvent réaliser leur stage de fin d'études à la HESB. Une opportunité qu'a saisie Justine Le Douaron. Mais loin de se contenter des trois mois d'étude passés à Bienne, la Nantaise a décidé d'y rester pour y suivre l'entièreté de son cursus de bachelor en microtechnique et technique médicale. La formation n'est pourtant donnée qu'en allemand ou en mode bilingue allemand/français. Il en fallait bien davantage pour décourager la jeune Française au bénéfice, pourtant, d'un maigre bagage dans la langue de Goethe. «Ma volonté a toujours été d'étudier à l'étranger. Me spécialiser en microtechnique dans une région reconnue comme un centre de compétence en la matière me paraissait assez idéal.» Pour ce qui est de l'immersion linguistique, l'approche s'est faite par paliers. La première année, le français prédomine dans les cours. La seconde armée, c'est du moitié-moitié, à l'image de la fondue si typiquement suisse, et en 3e année, l'allemand prend le dessus. La solidarité entre étudiants, l'effectif des classes réduit à une quinzaine d'élèves et la proximité avec les enseignants ont contribué à amortir le choc du changement de cadre de formation. «Ici, les profs nous traitent d'égal à égal», apprécie la Nantaise. «En France, la frontière est plus marquée entre élèves et enseignants.»

Expérience concluante

Figurant parmi les premiers de son école à tenter l'aventure d'études en Suisse, la jeune femme d'aujourd'hui 25 ans a ouvert la voie et incité d'autres étudiants à venir réaliser leur cursus dans les Hautes écoles helvétiques. «Mon exemple prouve que c'est possible.» Mais tout ne coule pas de source. Il faut au préalable clarifier avec soin la question de la reconnaissance du ou des diplômes obtenus pour pouvoir suivre la formation envisagée. Une première étape qui en augure d'autres. Une fois le diplôme obtenu en Suisse, il s'agit de le faire reconnaître dans son pays d'origine. Dans un sens comme dans l'autre, rien n'est évident. «En France, il n'y a pas de bachelor en ingénierie», relève Justine Le Douaron, qui ne s'attache pas pour l'heure à régler ce problème de reconnaissance. Sa tête est ailleurs. Dans le cadre de son travail de bachelor, elle s'est employée à affiner la découpe d'ordre micrométrique d'un laser utilisé dans la dernière étape de manufacture des stents, ces implants qui permettent, entre autres, de maintenir ouverte une artère. «Il s'agit de rendre le faisceau du laser plus précis pour une découpe plus précise.» Pour finaliser le projet, son directeur de thèse l'a engagée au terme de ses études. Justine Le Douaron passe actuellement la majeure partie de son temps dans le laboratoire de robotique de la HESB, à Bienne. La suite? «J'aimerais me spécialiser en informatique, J'ai postulé pour des études en Suède, mais il me sera difficile de quitter la Suisse.»

Partir: avantages et inconvénients

Effectuer l'intégralité de ses études dans une haute école étrangère est en général recommandé lorsqu'on prévoit de rester dans le pays en question et d'y travailler. Cela peut également être un avantage pour ceux qui souhaitent se tourner vers une carrière internationale, par exemple dans la diplomatie ou les organisations internationales. Dans ces domaines, le fait d'avoir de l'expérience à l'étranger est valorisé. A l'inverse, pour exercer une profession réglementée, qui se réfère à des conditionscadres spécifiques à la Suisse, comme dans la médecine, la pédagogie, le droit et le travail social, un diplôme suisse est nécessaire. Dans ces domaines, il est ainsi déconseillé de suivre l'intégralité de ses études à l'étranger. Pour plus d'informations, voir le site www.autorisations.admin.ch.

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