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«Nous formons des agent-e-s du changement»
27.07.2023 L’économie agroalimentaire est à la fois actrice et victime du changement climatique. Les futur-e-s spécialistes doivent donc être en mesure de combiner les connaissances de différentes disciplines. Le minor «Changement climatique et utilisation durable des terres» fournit les outils pour y parvenir.
L’agriculture est responsable d’une partie des émissions de gaz à effet de serre, mais le changement climatique influence en même temps son avenir. Les phénomènes météorologiques évoluent, non sans conséquences; par exemple, la période de végétation s’allonge. Dans un registre plus sombre, la pression des ravageurs augmente en raison des hivers plus doux, et les évènements climatiques extrêmes se multiplient. Pour surmonter ces défis, il faut des spécialistes capables d’adopter une approche interdisciplinaire. «Pour comprendre la crise climatique et trouver des solutions, il faut savoir comment fonctionnent la nature et la société», explique Sébastien Boillat, coordinateur du minor.
Certes, les étudiant-e-s doivent connaitre les bases scientifiques. Mais Sébastien Boillat estime essentielle la combinaison entre science et pratique dans les trois domaines de la HAFL que sont l’agronomie, les sciences alimentaires et les sciences forestières. «En classe, les étudiant-e-s sont amenés à réfléchir aux conséquences écologiques mais aussi sociales de leurs actes», ajoute Sébastien Boillat. «Nous formons des agent-e-s du changement qui gardent aussi les pieds sur terre.»
Approfondir le sujet de son choix
Les modules englobent des thèmes variés, notamment les fondamentaux de la météorologie et de la climatologie, les causes et effets du changement climatique, l’atténuation et l’adaptation dans le secteur de l’utilisation des terres, et même les aspects politiques. Les étudiant-e-s participent à une «étude de cas» en interviewant des spécialistes de différentes disciplines, par exemple au sujet de l’utilisation des terres dans le Grand-Marais du Seeland bernois.
Pour cette étude de cas, ils ont examiné attentivement l’avenir des sols organiques et l’utilisation de l’eau et ont étudié les alternatives à la culture maraichère intensive. Ils ont ensuite rédigé un travail de minor portant sur un sujet choisi individuellement.
Le jeu pour favoriser la pensée en réseau
Sébastien Boillat, qui a lui-même travaillé sur des projets d’utilisation des terres en Amérique du Sud, en Asie et en Afrique, mise sur l’apprentissage par «le jeu, la négociation, la pratique et la réflexion». Il en va ainsi dans le module «Climat et société 2», où les étudiant-e-s représentent un parti politique dans un jeu de rôle. Ce jeu est resté gravé dans la mémoire de David Brunner, actuellement en premier semestre du minor. Il a saisi l’occasion pour étudier attentivement les communiqués d’un parti. «Même s’ils ne reflétaient absolument pas mes opinions politiques», précise-t-il. «Ces lectures m’ont complètement déprimé et désillusionné.»
Cette problématique lui tient à cœur. Il n’a pas encore décidé sur quoi portera précisément son travail de minor , mais il se réjouit de pouvoir débroussailler le sujet, tant pour sa future vie professionnelle qu’en dehors. «J’aimerais être au fait des connaissances scientifiques actuelles afin d’identifier les demi-vérités et les contre-vérités. Je pourrai ainsi participer aux discussions avec plus d’assurance et gagner en clarté», ajoute-t-il. Il s’intéresse principalement à l’alimentation, autrement dit à tout ce qui est lié à l’agriculture, aux conflits d’utilisation des terres, aux habitudes alimentaires et à la mobilité.
Le nombre d’étudiant-e-s grimpe avec la température
Comme l’agriculture doit à la fois s’adapter aux changements futurs et contribuer à une production plus durable, le changement climatique est déjà traité dans les matières obligatoires à la BFH-HAFL. À quoi s’ajoute le minor, qui compte entre 5 et 20 étudiant-e-s par année. Sébastien Boillat, avec sa casquette de scientifique, voit un rapport – certes non scientifique mais amusant et surprenant – entre l’écart de la température en Suisse par rapport à la norme (période 1871-1900) et le nombre d’étudiant-e-s du minor: en 2021 par exemple, le réchauffement était à peine perceptible, et peu d’étudiant-e-s se sont inscrits au minor. «Mais plus le thermomètre grimpe, plus il y a d’étudiant-e-s qui souhaitent combattre le changement climatique», s’amuse Sébastien Boillat.
Dialoguer avec l’agriculture
Ce nombre d’étudiant-e-s est à l’image des opinions sur le sujet au sein de notre société: «Certain-e-s s’intéressent beaucoup aux questions environnementales et d’autres très peu», déclare Sébastien Boillat. La BFH-HAFL est une école qui forme des ingénieur-e-s, explique-t-il, mais les solutions techniques ont des conséquences sur l’environnement, l’économie, la société.
Et elles sont également influencées par des aspects politiques et culturels. «Nous avons le devoir de renforcer les concepts de systèmes, de relations, d’éthique et de responsabilité chez nos étudiant-e-s», ajoute Sébastien Boillat. Il souhaiterait que les sciences sociales soient plus présentes. «En fin de compte, les étudiant-e-s doivent être en mesure de dialoguer avec l’agriculture.» Il ne s’agit pas d’élaborer des solutions depuis son bureau, mais d’aller à la rencontre des personnes et des secteurs concernés.
Texte: Melina Griffin, lid.ch
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Rubrique: Études