Bio-Gipfel 2025 : pleins feux sur l’avenir

18.11.2025 Le cinquième Bio-Gipfel de la BFH-HAFL a donné l’opportunité au secteur bio suisse de débattre des moyens de réagir à l’évolution des comportements de consommation et aux nouvelles tendances du marché.

Le sommet s’est ouvert avec un exposé de l’économiste comportemental Gerhard Fehr, qui a expliqué à l’audience le comportement souvent irrationnel des consommateurs et consommatrices. La recherche a prouvé que les produits bio sont certes considérés comme très utiles et font l’objet d’intentions d’achat – en théorie. « Mais en réalité, le bio ne constitue qu’une fraction de nos assiettes. » Tout comme les bonnes résolutions en début d’année, d’autres impulsions ou des facteurs liés au prix semblent éclipser la volonté (d’acheter).

G. Fehr a aussi exprimé une inquiétude : au fil des années, le « bio », qui était au départ un mouvement fort, est devenu une marque, perdant ainsi de sa force émotionnelle. Aujourd’hui, des aspects comme « régional » ou « végan » susciteraient davantage d’émotions. Pour conserver sa pertinence, le bio doit à nouveau réveiller des émotions.

Bio-Gipfel 2025
Innovants, bio et délicieux : les produits du Bio-Gipfel 2025 (Photo : Jonas von Rotz)

Adrian Müller, de l’Institut de recherche de l’agriculture biologique (FiBL), a lui aussi plaidé pour un changement de mentalité. Selon lui, au lieu de parler de déficits de rendement dans l’agriculture bio, il faut montrer que les rendements trop élevés de l’agriculture conventionnelle ne sont pas durables. Le secteur bio doit mettre en avant les atouts dont il dispose : proposer des solutions systémiques durables, faire figure de pionnier dans ce domaine et poursuivre une réflexion visionnaire, par exemple en s'éloignant des entreprises familiales pour se tourner vers les PME.

Des idées innovantes dans les fermes

L’association faitière « Bio Suisse » explore également de nouvelles pistes. Le président Urs Brändli a présenté la nouvelle stratégie quinquennale visant à faire passer de 11 % à 15 % la part de marché actuelle du bio Cette stratégie a été élaborée de manière très participative. Il a mené avec son équipe d’innombrables entretiens chez les producteurs et productrices. Lors de sa conversation avec Dora Fuhrer de « Bio Bern », U. Brändli a également abordé des sujets controversés, comme le rôle des importations. Il est convaincu que, si la demande pour des produits comme les yogourts aux baies en hiver existe, elle devrait au moins être couverte par des matières premières de qualité Bourgeon. 

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Le Bio-Gipfel a donné lieu à des discussions animées (Photo : Jonas von Rotz)

L’auteure Nicole Egloff a apporté un regard personnel et rafraichissant sur l’avenir de l’agriculture. Pour son nouveau livre « Das Radiesli stimmt mich zuversichtlich », elle a travaillé et vécu dans douze fermes différentes. La diversité et la créativité qu’elle y a côtoyées la rendent optimiste. Egloff montre quelques entreprises bio particulièrement innovantes, en réseau et ancrées dans leur région, qui parviennent à générer une plus grande estime pour les aliments et qui donnent confiance.

Repenser le local

L’exemple de la coopérative Bio26 à Fribourg a illustré à quoi ressemble une réalité réseautée et locale. Cette épicerie avec bistrot se fournit auprès de 75 producteurs et productrices de la région. Elle propose ainsi plus de 1000 produits bio dans son assortiment et en sert également certains dans les assiettes de son bistrot. Selon Urs Gfeller, président de Bio26, et Helene Zenhäusern, responsable de la communication, Bio26 doit faire des compromis malgré son attachement profond à la provenance locale. En effet, la clientèle attache de l’importance à la disponibilité des produits et souhaite en hiver des agrumes riches en vitamines. L’objectif reste toutefois, selon H. Zenhäusern, de s’approcher autant que possible de l’idéal du « tout local ».

Pour clore la matinée, le chanteur et acteur Michael Schoch s’est tourné vers l’avenir : dystopie ou utopie ? Le public a clairement opté pour l’utopie. Son message : les visions positives de l’avenir ne sont pas des rêves, mais des incitations. Car, comme l’a souligné M. Schoch, ce que nous faisons aujourd’hui façonne le monde de demain.

Après un speed-dating divertissant et décontractant, la pause de midi et une touche d’humour de la part du comédien Gere Tschan, les participant-e-s ont pu approfondir leur réflexion sur différentes visions de l’avenir dans le cadre d’ateliers, et peut-être déjà esquisser les premières idées de leur propre utopie pour 2050.

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Domaine: Agronomie + forêt, Life sciences + sciences alimentaires
Rubrique: Études