Aménagement de cours d’eau dans le respect de la nature

Aménagement de cours d’eau et pêche face aux changements (climatiques): un projet mené dans le cadre du «Programme pilote Adaptation aux changements climatiques» de la Confédération

Fiche signalétique

  • Département(s) responsable(s) Architecture, bois et génie civil
  • Institut Institut de l'infrastructure et de l'environnement IIU
  • Organisation d'encouragement Office fédéral de l'environnement OFEV
  • Durée (prévue) 01.01.2018 - 31.12.2019
  • Responsable du projet Jolanda Jenzer
  • Direction du projet Jolanda Jenzer
  • Partenaire Centre Suisse de compétences pour la pêche
    Office fédéral de l'environnement OFEV
    Canton d'Argovie
  • Mots-clés Changement climatique, pêche, étiage, sécheresse, cours d’eau, aménagement des cours d’eau, respect de la nature, revitalisation, aménagement fluvial

Contexte

La sécheresse de l’été 2018 a permis de se rendre compte du climat qui règnera en Suisse à l’avenir. Un projet du Centre suisse de compétence pour la pêche CSC, mandaté par la Confédération et plusieurs cantons, cherche des réponses à ces évolutions du point de vue de la pêche.

En raison du changement climatique, les étés ont tendance à devenir plus secs et plus chauds, les hivers plus pluvieux et moins enneigés. C’est ce que confirment les scénarios climatiques publiés en 2018. Pour les poissons en Suisse, cette évolution est radicale, comme l’a montré de manière patente l’été sec de 2018.

Dans le cadre du «Programme pilote Adaptation aux changements climatiques», la Confédération finance des projets visant à développer de nouvelles solutions. En collaboration avec les cantons d’Argovie, de Bâle-Campagne, de Berne, de Fribourg, de Saint-Gall et d’Uri, ainsi qu’avec la Fédération suisse de pêche, le Centre suisse de compétence pour la pêche CSC a développé le projet «Aménagements hydrauliques et pêche face au changement (climatique)». Dirigé par Adrian Aeschlimann, directeur du CSC, il a été mis en œuvre de 2019 à 2021.

Objectifs

Le projet a pour objectif principal de permettre aux espèces de poissons indigènes de trouver un habitat même en période d’étiage et de chaleur. Par le biais de séances d’information, d’ateliers et d’évènements consacrés aux cours d’eau, le projet entend parvenir aux effets suivants:

  • Dans le cadre de la protection contre les crues et des revitalisations visant à préserver les espèces de poissons indigènes, les aménagements hydrauliques tiendront compte – sous réserve de faisabilité – des variables que sont les étiages, la température et les crues hivernales.
  • Les autorités cantonales ont connaissance des mesures de préservation des espèces de poissons dominantes et les appliquent selon une approche pluridisciplinaire.
  • Les fédérations de pêche orientent leur protection vers des mesures adaptées au climat et efficaces.
  • Les pêcheurs passent du statut de personnes concernées à celui de personnes impliquées.

Procédure

Le projet est divisé en cinq sous-projets:

Ce sous-projet se concentre sur l’aménagement des cours d’eau et examine différents cours d’eau du canton d’Argovie pour évaluer la prise en compte des facteurs sècheresse et chaleur. La Haute école spécialisée bernoise sise à Berthoud (division Génie civil, chaire de construction hydraulique) assure le suivi scientifique du sous-projet. Le projet aborde les questions suivantes:

  • Comment mettre en œuvre les interventions hydrauliques en faveur de la protection contre les crues et les revitalisations au vu des scénarios climatiques, afin que la sécheresse et la chaleur croissantes, en particulier, ne deviennent pas à moyen ou à long terme un problème existentiel pour les espèces de poissons amatrices d’eaux fraiches et d’oxygène (en particulier les truites de rivière et les ombres)?
  • Quelles sont les mesures existantes et lesquelles sont réalisables dans le canton d’Argovie?
  • Quelles sont les déclarations et les prescriptions actuelles en matière de construction hydraulique sur ce thème?
  • Quels projets mis en œuvre pourraient servir de modèles en ce qui concerne les espèces cibles aimant le froid et l’oxygène dans le canton d’Argovie et quels sont ceux qu’on mettrait en œuvre différemment aujourd’hui?
  • Quelles recommandations formuler pour l’avenir sur la base des connaissances actuelles, à la lumière des changements climatiques?

Du côté du canton d’Argovie, le département du paysage et des eaux, la section Chasse et pêche et la commission cantonale de la pêche ainsi que les fédérations argovienne et suisse de pêche participent au sous-projet. Le responsable du sous-projet est Adrian Aeschlimann (CSC).

Le deuxième sous-projet s’intéresse à l’Ergolz, dans le canton de Bâle-Campagne, et questionne la manière dont une rivière à truites existante peut être préservée en tant que telle malgré le changement climatique. Dans la région pilote, on recherche des solutions répondant à l’évolution attendue des températures au cours des prochaines décennies, pour qu’en amont de Liestal, la rivière continue d’abriter principalement des truites, malgré les changements climatiques qui se dessinent. Outre d’éventuelles revalorisations du biotope et un ombrage suffisant, l’attention se porte en particulier sur un approvisionnement en eau suffisant pour pallier les périodes de faibles précipitations.

L’administration de la chasse et de la pêche, des représentant-e-s de la direction des travaux publics et de la protection de l’environnement ainsi que la fédération cantonale de pêche de Bâle-Campagne participent au sous-projet. La responsable du sous-projet est Barbara Berli (Université de Bâle, membre de la commission de la pêche du canton de Bâle-Campagne).

Les cantons de Berne et de Fribourg mènent de concert le troisième sous-projet sur la Singine. Comme le montre une étude de 2018, malgré des conditions proches de la nature, les truites de rivière y ont majoritairement disparu en raison de températures trop élevées et de maladies des poissons en aval de Zumholz, près de Planfayon. Les autorités de la pêche ont donc décidé de limiter le repeuplement en jeunes poissons à la zone située en aval de Zumholz.
En collaboration avec les autorités et les fédérations cantonales ainsi que les associations de pêche concernées, le CSF se penche sur les questions suivantes :

  • Que signifie la disparition d’espèces ancestrales et l’émergence de nouvelles espèces pour les pêcheurs et pêcheuses?
  • Les pêcheurs et pêcheuses doivent-ils ou elles s’accommoder de cette situation et renoncer à pêcher dans la Singine ou au contraire se spécialiser dans les nouvelles espèces?
  • Peuvent-ils et elles contribuer à améliorer la situation?

Participent au sous-projet les autorités de pêche des cantons de Berne et de Fribourg, une représentation des fédérations cantonales de pêche de Berne et de Fribourg, une représentation des associations de pêche locales des deux cantons et des expert-e-s. Le sous-projet est dirigé par Adrian Aeschlimann, CSF.

Les changements climatiques qui s’annoncent auront également des répercussions sur le travail des autorités cantonales de pêche. Le quatrième sous-projet se penche sur les questions suivantes:

  • Comment anticiper les évolutions et comment les cantons peuvent-ils apprendre les uns des autres?
  • Quels sont les éléments de la pratique actuelle qui apportent des réponses adéquates aux changements climatiques et lesquels doivent être reconsidérés?
  • Dans quelle mesure la pratique des cantons change-t-elle et quelles en sont les conséquences sur les structures organisationnelles actuelles (p. ex. exploitation de bassins d’élevage)?
  • Quelles sont les lacunes à combler dans les connaissances et quels sont les bases de décision à élaborer (p. ex. adaptation des poissons à la chaleur, effets des pêches de sauvetage, etc.)?

Le sous-projet est mis en œuvre par le CSF en étroite concertation avec l’OFEV et la Conférence des services de la faune, de la chasse et de la pêche des cantons.

Un autre sous-projet, sous la houlette de la Fédération suisse de pêche FSP, vise à adapter les pratiques de protection de la pêche au changement climatique et aux modifications attendues. Le programme pilote doit montrer aux pêcheurs, mais aussi aux autorités, l’importance des cours d’eau interconnectés et dynamiques. C’est l’occasion de placer des messages sur la pêche et de positionner le guide «Fischer schaffen Lebensraum » (en allemand – «Les pêcheurs créent des espaces de vie»). Les questions suivantes doivent trouver une réponse:

  • Quelles opportunités cette évolution offre-t-elle aux pêcheurs et aux pêcheuses?

  • Quelles sont les conséquences de ces changements pour la vie associative? Quelles sont les activités d’entretien des poissons au bord de l’eau qui se révèlent efficaces et utiles?

  • Quelles sont les interventions utiles pour préserver les populations locales (p. ex. zones d’eau froide, alimentation en eau douce, pêches de capture, etc.)?

  • Existe-t-il d’autres possibilités que celles connues aujourd’hui en ce qui concerne la truite de rivière et l’ombre?

  • Quelles sont les adaptations nécessaires dans la formation (p. ex. module sur le réchauffement climatique dans la formation SaNa)?

Le sous-projet est dirigé par Philipp Sicher, directeur de la Fédération suisse de pêche FSP.