Ensemble pour une économie de la construction circulaire

Focus sur la construction circulaire

Face à la raréfaction des ressources et aux objectifs climatiques, il est essentiel de mettre en œuvre des solutions novatrices. «Le secteur de la construction est sous pression. Il endosse une certaine responsabilité sociale dans le passage d’une construction linéaire à une construction circulaire», estime Stephan Wüthrich, professeur à la BFH et coorganisateur de la Journée de la construction circulaire 2026, placée sous le thème «L’infrastructure en point de mire». Le congrès de la BFH, qui aura lieu le 26 février 2026 à Berthoud avec le soutien de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), a pour ambition de soumettre des pistes pour la réussite de cette transition. «La construction d’infrastructures offre un potentiel particulièrement important, car elle est associée à des besoins en ressources naturelles considérables et par conséquent à une empreinte écologique significative», ajoute Stephan Wüthrich. Selon lui, ce secteur doit impérativement s’informer sur les développements actuels et discuter des défis et des exemples pratiques: «Notre objectif est de créer une plateforme qui fédère des personnes issues de la politique, de l’administration, de la recherche et de la construction, et de favoriser la compréhension commune d’une économie circulaire viable.» Le congrès a pour but d’inspirer les participant-e-s, d’encourager le dialogue et de stimuler la discussion.

Loi sur le climat et l’innovation et enrobés neutres en CO2 au menu

Le congrès est scindé en trois blocs thématiques. Le premier bloc présentera les conditions cadres, les objectifs et les dispositions légales. L’OFEV s’exprimera notamment sur la mise en œuvre de la loi sur le climat et l’innovation, entrée en vigueur en 2025, qui établit l’objectif «zéro net». Oliver Steiner, de la Direction des travaux publics et des transports du canton de Berne, présentera notamment le plan sectoriel Déchets, qui accorde une place importante à l’économie circulaire. Diana Gutjahr, conseillère nationale et copropriétaire de l’entreprise Ernst Fischer AG, Stahl- und Metallbau, s’exprimera sur les circuits fermés et présentera un état des lieux dans la construction métallique.

En début d’après-midi, le deuxième bloc donnera la parole aux maitres-ses d’ouvrage et aux services d’achat dans le secteur public: des représentant-e-s de l’OFROU, des CFF et de la ville de Zurich présenteront leurs stratégies et les enseignements tirés de projets d’infrastructure en cours. «Du fait de leur rôle de modèle, l’OFROU et les CFF renforcent leurs exigences en matière d’écobilans pour les ouvrages d’infrastructure. Cela entraine en quelque sorte un changement de paradigme dans le secteur», explique Stephan Wüthrich. Le troisième bloc mettra en lumière les défis auxquels sont confrontés le secteur de la construction, les producteurs et les entreprises. Olivier Barbery, de Vigier Ciment, parlera des cycles de matières optimisés. L’entreprise Kästli présentera des projets porteurs avec lesquels elle renforce l’économie circulaire dans l’agglomération bernoise. Enfin, Tobias Balmer, de Weibel AG, partagera des informations détaillées sur les enrobés à bilan carbone négatif.

Écobilans et circularité

Le congrès s’intéressera aussi aux avancées dans le domaine des enrobés pour la construction routière, en particulier aux impératifs parfois éloignés des écobilans, de la longévité et de l’économie circulaire. Un bon écobilan repose notamment sur des matériaux émettant le moins de CO₂ possible, explique Stephan Wüthrich. Mais ces matériaux doivent également être durables et recyclables. «Concilier ces aspects constitue l’un des principaux défis dans le domaine des infrastructures.»

Aybike Öngel, professeure à la BFH, effectue des recherches sur les matériaux de construction des routes. Au congrès, elle présentera l’état des connaissances dans la recherche et la pratique, avec un gros plan sur l’utilisation de l’asphalte recyclé (Reclaimed Asphalt Pavement, RAP) et les enrobés tièdes. De nouveaux matériaux sont développés à la BFH en guise de substituts aux enrobés bitumineux traditionnels dérivés du pétrole. «Nous nous efforçons d’intégrer des biomatériaux pour réduire les émissions de CO₂ d’une part, notre dépendance au pétrole d’autre part», explique Aybike Öngel. Les enrobés tièdes ont un atout de taille: leur fabrication, qui permet d’économiser l’énergie et de réduire les émissions de CO₂. Par ailleurs, le faible dégagement de chaleur et de vapeur et la réduction des émissions et des odeurs lors de la pose contribuent à améliorer les conditions de travail. «À la BFH, nous développons et testons des méthodes visant à abaisser de manière ciblée les températures de mélange et de pose des enrobés», souligne Aybike Öngel. Durant le congrès, elle expliquera comment les thèmes de recherche sont intégrés dans l’enseignement et la pratique.

La construction circulaire dans l’enseignement

De nombreux autres projets de recherche sont en cours à la BFH dans le domaine de la construction circulaire. La construction durable constitue une priorité pour les filières d’études. Outre le Master of Science in Circular Innovation and Sustainability des départements AHB, HAFL, TI et Gestion, la BFH propose deux offres interdisciplinaires: un minor en Construction circulaire et durable et un minor en Construction numérique intégrale. Ce dernier est ouvert aux étudiant-e-s des filières de bachelor en Architecture, en Technique du Bois, en Génie civil et du nouveau Bachelor en Architecture du paysage. En 2024, la BFH et la Haute école spécialisée de la Suisse orientale ont par ailleurs lancé le CAS «Infrastructures durables», dont l’économie circulaire fait partie intégrante. «Le développement durable est solidement ancré à la BFH. C’est un de ses champs thématiques stratégiques», explique Stephan Wüthrich.

Réseau Construction durable Suisse (NNBS)

Stephan Wüthrich s’engage en faveur des infrastructures durables au sein du «Réseau Construction durable Suisse». Le NNBS a notamment développé le Standard Construction Durable Suisse (SNBS), un instrument qui permet d’évaluer la durabilité des projets de construction. Le SNBS-Infrastructure lancé en 2020 permet de planifier et de construire des ouvrages d’infrastructure selon une approche plus durable en Suisse. En 2025, le réseau a affiné ce standard, y ancrant davantage l’économie circulaire. L’instrument sera disponible gratuitement sur le site internet dès 2026. «Notre objectif est de définir une vision commune de l’infrastructure durable, mais aussi de planifier et de construire selon une approche plus circulaire à l’avenir», explique Stephan Wüthrich.