Études d’architecture au cœur de la ville

Lotissement coopératif Geyisried sud

Entre les années 1940 et 1970, neuf coopératives ont construit le plus grand lotissement coopératif d’un seul tenant à Bienne, Geyisried sud. Les immeubles ont aujourd’hui en partie besoin d’être rénovés et nombre des quelque 700 appartements ne répondent plus aux exigences actuelles. La rénovation prévue soulève des questions écologiques et sociales qui englobent tout le spectre de l’urbanisme et de l’architecture contemporains, notamment la densification, la flexibilisation de l’habitat, la durabilité de la construction et de l’exploitation ou l’utilisation des espaces verts et libres.

Le développement urbain comme objet d’étude concret

Geyisried sud représente donc un cas idéal pour le laboratoire urbain de Bienne. Les associations professionnelles, les autorités biennoises et d’autres parties intéressées y échangent des informations sur l’actualité du développement urbain. La BFH joue un rôle actif dans ce domaine: elle intègre les thématiques dans son programme d’études, et celles-ci sont ensuite traitées par les étudiant-e-s. La rénovation du Geyisried sud est inscrite au menu du semestre d’automne 2025. Ce cas pratique s’inscrit parfaitement dans les priorités du Master en Architecture: «Architecture régénérative et bois» et «Architecture coopérative de la ville ouverte».

La BFH propose le Joint Master of Architecture conjointement avec la Haute école spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO) depuis 2005. Les quelque 180 étudiant-e-s actuel-le-s peuvent en grande partie choisir librement les modules de la formation parmi les offres des sites de Bienne, Fribourg et Genève. «Cette formule leur permet de réaliser, au-delà de la frontière linguistique, que les cultures du bâti divergent légèrement entre la Suisse alémanique et la Suisse romande», explique Stanislas Zimmermann, responsable de la filière à la BFH. Enfin, l’offre étendue de cours ainsi que le grand nombre d’enseignant-e-s et d’enseignant-e-s invité-e-s garantissent une grande diversité au cursus.

Échanges continus entre étudiant e s et enseignant-e-s

L’architecte indépendante biennoise Gabriela Mazza, qui dirige l’atelier KAOS (Kooperative Architektur der offenen Stadt) au sein du Laboratoire urbain Bienne, est actuellement enseignante invitée à Bienne. C’est le laboratoire urbain qui l’a poussée à accepter ce rôle: «Je trouve stimulant de me confronter à des projets réels dans ma ville. En outre, le travail avec les étudiant-e-s se révèle fructueux et intéressant.» Louise Wedlich, venue de Belgique, étudie durant une année à la BFH dans le cadre du programme Erasmus. Elle apprécie cette collaboration: «à Bruxelles, nous étions 50 étudiant-e-s avec deux professeurs comme interlocuteurs. Ici, au laboratoire urbain, nous formons un groupe de 13 étudiant-e-s qui échangent en permanence avec les responsables des deux ateliers.»

Au sein de l’atelier KAOS, Louise Wedlich développe en groupe des scénarios pour la route d’Orpond, qui scinde le quartier du Geyisried en deux. Parallèlement, elle s’intéresse dans son projet personnel à la question de savoir comment les espaces libres du quartier pourraient être utilisés à l’avenir pour des activités communautaires. Sa proposition mise sur des pavillons en bois multifonctionnels qu’elle place sur les pelouses entre les rangées de maisons. Ce faisant, elle passe de la problématique initiale de l’atelier KAOS – thématiques générales telles que le paysage, les espaces extérieurs et la dynamique sociale – à des questions d’ordre de plus en plus «interne» sur la mise en œuvre sur le terrain.

Bois, argile et paille pour remplacer le béton

Pour Simon Richli, originaire de Berne, c’est l’inverse qui se produit, puisqu’il se déplace de l’intérieur vers l’extérieur dans l’atelier «Architecture régénérative et bois». Le point de départ de son projet est un bâtiment qu’il souhaite transformer en lieu de rencontre de quartier. Comme le statut protégé du site ne permet pas de construire des jardins, il mise sur une surélévation du bâtiment: «Je travaille sur une densification durable avec des matériaux naturels comme le bois, l’argile, le liège, la laine de mouton, le mycélium et la paille.» Durant sa formation de dessinateur en bâtiment qui a précédé ses études de master, la construction avec du béton était «dans l’air du temps». Il élargit désormais son horizon dans les ateliers du master: «Ici, nous pouvons chausser d’autres lunettes et élargir le faisceau de disciplines.»

Au cours de chacun des trois premiers semestres, les étudiant-e-s suivent un atelier et peuvent choisir parmi six offres, soit deux sur chaque site. «Cela leur donne la possibilité d’approfondir dès le départ le domaine qui les intéresse et d’affiner leur profil», explique Stanislas Zimmermann. La confrontation avec l’architecture coopérative et régénérative leur ouvre l’esprit à des valeurs socialement durables et au déploiement d’une attitude architecturale et sociale propre.

Se montrer à la hauteur pour aborder l’avenir de la construction

L’approche interdisciplinaire s’avère cruciale dans ce cursus. Elle résulte d’un travail axé sur la pratique à partir d’études de cas réels. «Pour la transformation du quartier du Geyisried, nous travaillons comme un bureau qui doit aborder une tâche sous différents angles», explique Gabriela Mazza. La Ville de Bienne, les coopératives et les spécialistes en architecture du paysage, en conservation du patrimoine et en biodiversité ont fait part de leurs préoccupations et de leurs points de vue. Au cours du prochain semestre, au printemps, les étudiant-e-s développeront, en collaboration avec leurs homologues du Master Wood Technology, des projets interdisciplinaires consacrés à la densification urbaine avec des bâtiments plus hauts en bois.

«Être à même de collaborer est impératif pour construire selon une approche durable, c’est-à-dire en répondant aux besoins de la société et en respectant l’environnement», précise Stanislas Zimmermann. «Nos thèmes principaux recouvrent les enjeux futurs dans le secteur. Quiconque veut se montrer à la hauteur pour relever les grands défis en œuvrant comme architecte est à sa place dans notre cursus.»