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SMS du ventre de la vache
27.11.2025 Sur sa ferme, l’agriculteur Thomas Steiner allie technologie de pointe et bienêtre animal. Il pratique le smart farming avec beaucoup d’inventivité — et la BFH-HAFL mène elle aussi des recherches dans ce domaine.
Des capteurs sondent le sol, des drones surveillent les champs, des machines pilotées par GPS sèment avec une précision inégalée : l’agriculture n’a pas manqué le virage numérique. De nos jours, d’innombrables données atterrissent directement sur les smartphones des agricultrices et agriculteurs.
Thomas Steiner, du domaine Guetacherhof à Büren zum Hof (BE), est l’un d’entre eux. Si l’une de ses 29 vaches laitières a de la fièvre ou est sur le point de vêler, il reçoit immédiatement une notification push. « Le système me signale tout changement de comportement ou de température corporelle », explique T. Steiner. « Je peux donc réagir illico, souvent avant même que l’on remarque quoi que ce soit chez l’animal. »
Sa conclusion est claire : « Nous avons déjà évité à plusieurs vaches de graves complications, voire la mort. » Ce système est particulièrement précieux pour les maladies causées par E. coli, qui peuvent rapidement devenir fatales aux vaches laitières. « Quand j’entends la notification, je sais que je dois courir », dit-il en riant. Depuis qu’il utilise ce système, ses animaux sont en bien meilleure santé.
Bricoleur dans l’âme
Thomas Steiner a toujours été bricoleur. Si les nouvelles technologies le fascinent, son but n’est pas de les utiliser à tout prix, mais d’améliorer les processus quotidiens. Et ses études de bachelor à la BFH-HAFL ont encore renforcé sa passion pour les solutions intelligentes.
C’est de cette époque que date l’idée de surveiller la santé de ses vaches « de l’intérieur » à l’aide d’une technologie de bolus disponible dans le commerce. Il s’agit d’une sorte d’énorme comprimé muni de capteurs administré à l’animal avec un lance bolus. N’étant pas assimilable, le bolus reste dans le bonnet de la vache. De là, il mesure la température corporelle et l’activité.
T. Steiner reçoit toutes les données sur son smartphone en temps réel. Et ces valeurs en disent long : quelle quantité une vache boit-elle ? À quelle fréquence rumine-t-elle ? Quelle est son niveau d’activité par rapport à hier, à avant-hier ? « Les données révèlent énormément de choses sur le bienêtre des animaux », explique T. Steiner. « Si quelque chose ne va pas, on le voit souvent avant l’apparition des symptômes usuels. »
Thomas Steiner montre que le smart farming n’est pas réservé aux exploitations ultramodernes avec des bâtiments high-tech. Il prouve que les technologies innovantes peuvent aussi être intégrées à des structures existantes.
Smart farming – unique en Suisse
Le CAS Smart Farming de la BFH-HAFL associe agriculture et technologie numérique.
→ Plus d’informations sur cette formation continue : bfh.ch/hafl/smart-farming
Des drones pour mesurer l’herbe des pâturages
La BFH-HAFL mène des recherches poussées pour développer les outils numériques. L’équipe de Beat Reidy, enseignant en gestion des herbages et systèmes d’élevage de ruminants, a développé une méthode innovante basée sur l’intelligence artificielle : un logiciel appelé « estiGrass3D+ » couplé à un drone permet de mesurer la biomasse des pâturages, soit la quantité d’herbe disponible.
Jusqu’à présent, il fallait pour cela parcourir les champs avec des appareils de mesure et déterminer la hauteur de l’herbe à différents points, une tâche aussi pénible que chronophage, pour un résultat approximatif. Aujourd’hui, c’est le drone qui s’en charge.
« Il survole le pâturage et prend des photos haute définition. Un algorithme analyse ces données, combinées à des informations sur l’état de la végétation, et calcule assez précisément la quantité de fourrage encore disponible sur la parcelle », explique B. Reidy. Cela permet d’optimiser la planification des pâturages et de fournir aux vaches la quantité exacte d’herbe requise.
Brumisateur maison
D’autres outils numériques sont utilisés sur la ferme. Les fortes chaleurs estivales sont éprouvantes pour les vaches. Si elles se sentent le mieux entre 4 et 15 °C, à partir de 25 °C, elles risquent le stress thermique, ce qui a des effets négatifs sur leur santé et leur production de lait.
Thomas Steiner a alors développé son propre système de brumisation à plusieurs niveaux qui pulvérise de fines gouttelettes d’eau et assure ainsi un rafraichissement bienvenu de l’étable. « Il fallait absolument pouvoir régler l’intensité », explique T. Steiner. « Les vaches ne doivent pas être trempées pour éviter tout risque de pneumonie. »
Un peu d’ingéniosité suffit
Pour Stefan Gfeller, expert en technologies intelligentes et responsable du CAS Smart Farming de la BFH-HAFL, c’est là un exemple parfait de numérisation à la ferme : « Thomas Steiner montre que le smart farming n’est pas réservé aux exploitations ultramodernes avec des bâtiments high-tech. Il prouve que les technologies innovantes peuvent aussi être intégrées à des structures existantes. » C’est ainsi qu’entre l’étable et le smartphone, une nouvelle conception de l’agriculture voit le jour : numérique, basée sur les données, mais toujours proche des animaux.