Chercheuse par conviction

Pourquoi jetons-nous de la nourriture et quels sont les éventuels facteurs d’influence du gaspillage alimentaire ? Voilà les questions qui occupent Carole Liechti à Agroscope, le centre de compétences de la Confédération pour la recherche agronomique.

Elle accompagne depuis bientôt trois ans une étude nationale sur le gaspillage alimentaire visant à mieux comprendre nos habitudes de consommation afin de pouvoir élaborer sur cette base des mesures politiques ciblées.

Une recherche qui a de l’impact

Carole Liechti a appris à mettre en place et mener une étude durant ses trois années de doctorat à l’institut AgroParisTech de l’université Paris-Saclay. De la conception de l’étude à l’analyse des données en passant par la réalisation, elle a participé à chaque étape en tant que chercheuse. Aujourd’hui, elle apprécie son travail surtout pour son ancrage pratique et parce qu’il lui permet de faire bouger les choses. « Grâce à la recherche appliquée à Agroscope, nous pouvons identifier les domaines où il faut agir », explique-t-elle. « Nos conclusions permettent d’élaborer des mesures et de les mettre en œuvre avec efficacité. »

« Les langues ouvrent les portes et les possibles »

Devenir chercheuse n’était pas prévu. « Une étape en a entrainé une autre », raconte Carole Liechti. Après un bachelor en Food Science & Management obtenu à la BFH-HAFL, elle a enchainé avec le master Food, Nutrition and Health. Elle a alors très vite ressenti l’appel du large : un semestre d’échange l’a d’abord menée à l’université Christian Albrecht de Kiel.

Elle s’est ensuite rendue jusqu’au Myanmar pour son mémoire de master. Elle y a étudié les comportements alimentaires et d’allaitement des femmes en collaboration avec l’ONG « CARE International in Myanmar ». Ces expériences l’ont marquée. « L’ouverture d’esprit et les langues m’ont offert des opportunités que je n’aurais pas eues autrement », dit-elle avec le recul.

« Susciter l’enthousiasme est très gratifiant »

Parallèlement à ses activités de recherche, Carole Liechti donne des cours le samedi matin à la Haute école spécialisée à distance à des personnes déjà dans la vie active qui se forment dans le domaine alimentaire. Son module porte sur le développement d’aliments plus sains et plus durables, mais aussi sur leur évaluation sensorielle, soit la manière dont ils sont perçus par les sens.

Combiner recherche et enseignement est idéal à ses yeux : « La recherche est un moteur de changements, par exemple vers une alimentation plus saine. L’enseignement permet de transmettre son savoir et d’intéresser d’autres personnes à un sujet. Ainsi, on voit que son travail a vraiment de l’impact. »

Bientôt des résultats

Revenons à Agroscope : Carole Liechti analyse actuellement les grands jeux de données de l’étude sur le gaspillage alimentaire. Durant sept jours, les participant-e-s ont précisément noté ce qu’ils ont jeté, y compris les boissons. Les résultats promettent d’être captivants : les données pas encore publiées indiquent qu’il existe des facteurs d’influence favorisant le gaspillage alimentaire. Quels sont-ils ? Carole Liechti sourit : « Nous aurons la réponse dans quelques mois, à la publication de l’étude. » D’ici là, il faudra faire preuve de patience.